Ainsi soit-il ...

Invité

[Ainsi soit-il ...]
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C’était une belle journée. Couvrant le monde de toute sa splendeur, le soleil matinal faisait briller les perles de rosées qui, tels des fragments d’étoile, étincelaient partout où l’on posait le regard. Les feuilles, le bois, l’herbe … autour d’elle, tout scintillait de ces perles d’eau qui, dans quelques heures, ne seraient que vague souvenir évaporé. À cette pensée, un sourire empli de nostalgie vint retrousser légèrement la commissure de ses lèvres. Au dessus de sa tête, un couple de simples moineaux se poursuivait en voletant entre les branches des arbres, accompagnant leur jeu de nombreux gazouillements délicats et charmeurs qui l’incitaient souvent à relever la tête. Elle n’avait pas l’habitude de voir de tels oiseaux; à Suna, les seuls volatiles qui lui avaient été donné de voir étaient ces aigles messagers qui ne cessaient d’aller et venir d’un village à l’autre, ainsi que ces horribles rapaces charognards qu’on nommait vautour. Aussi, la délicatesse et la fragilité de ces petites créatures l’étonnait, l’attirait. Elle était tentée de tendre les bras afin de capturer l’un d’entre eux entre ses mains, de pouvoir caresser le fin plumage du bout des doigts, juste parce qu’ils l’intriguaient. Mais les bêtes étaient trop farouches, trop nerveuses pour se laisser faire. Ça la décevait, car elle ne voulait point employer la force contre de telles créatures. Elle devait donc se résoudre à les laisser aller, la laissant sur sa faim ...

Non sans un soupir, Zuko repris donc son chemin. Une brise fraîche la fit frissonner, et elle resserra la prise d’une de ses mains sur les rebords de la cape uniforme de l’Akatsuki qu’elle portait, refermant ces derniers sur sa petite silhouette pour se couvrir plus adéquatement. Une agréable chaleur l’envahit presque aussitôt, et elle leva les yeux vers le ciel. Presque tous les reflets orangés de l’aube avaient quittés le ciel, qui s’était de nouveau teinté de sa splendide couleur bleue. Quelques nuages à l’aspect laiteux et translucide paraissaient par endroit, mais si rarement qu’ils n’en gâchaient aucunement la vue. Ce furent finalement des piaillements étouffés qui la firent sursauter, l’arrachant à sa contemplation du ciel. Elle tourna un regard quelque peu surpris vers une créature à la reluisante fourrure rousse qui, non loin d’elle, s’acharnait à bloquer sous ses pattes le cadavre de l’un des oiseaux qu’elle avait observé, un peu plus tôt. Elle reconnut la bestiole comme étant un renard, étant donné sa flamboyante couleur et sa ressemblance avec les chiens errants de Suna. Bien qu’il soit plus petit … Avec un soupir las, elle se décida à passer son chemin, mais un nouveau cri la retint. Le renard avant retiré sa patte, et la proie, qu’elle avait crue morte, s’était mise à battre de l’une de ses elles. Elle se déplaça ainsi de quelques mètres, poursuivit par son tortionnaire, qui se plaisait à la harceler de quelques coups de pattes et de museau.

Puis, soudainement, l’animal bondit sur le côté, effarouché par un sifflement inconnu. Il ne remarqua la jeune femme qu’à cet instant. Zuko s’était approchée, et ses lèvres légèrement retroussées laissaient échapper un grondement maladroit, alors qu’elle avançait prudemment vers l’animal.

« Faire durer les souffrances d’un être vivant est très malsain … »

Bien qu’elle soit parfaitement au courant que le renard ne comprenait aucun de ses mots, elle avait employé un ton fort et agressif qui avait suffit à effrayer le prédateur. Ce dernier fit demi-tour et disparu entre les buissons, abandonnant sa proie encore toute tremblante. Zuko s’en approcha avec prudence et, après avoir à quelques reprises passé sa main juste au dessus de l’oiseau effarouché, afin de vérifier ses réactions, elle le cueillit au creux de sa paume. Elle devinait l’animal bien trop effrayé pour amorcer le moindre mouvement de fuite, et afficha une légère grimace en voyant quelques gouttelettes de sang s’écraser contre sa peau blanche, décorant cette dernière de leur élégante couleur vermeille. Sans plus s’en soucier, la femme ninja se rassembla sur elle-même et, d’une simple flexion des genoux, se projeta à la hauteur d’une branche, sur laquelle elle se hissa d’un seul bras, avant de s’y asseoir. L’oiseau reposait toujours dans sa main, et c’est portée par une irrésistible envie que la jeune femme déposa l’un de ses doigts sur sa nuque, avant de prolonger sa caresse tout le long du dos frêle. Les plumes étaient si délicates qu’elle en sentait à peine le contact. Elle esquissa un léger sourire.